Les peintures de Geneviève Henkens naissent de l’émotion et des gestes qui la traduisent sur le papier posé sur le sol, par des coulées de couleurs dirigées par une main qui soulève et guide les traces d’un corps ou d’un paysage.
De la vision de ceux-ci, intériorisée, mûrie, naît et se décante, se déconstruit, la nasse de formes libres, naturelles.
La restitution du corps projette au dehors muscles et veines, utilise les rouges et les bleus des écorchés. Cellules et tissus maillent l’espace blanc. Des silhouettes se dessinent et s’affrontent.  A ce premier jet s’ajoutent  de nouvelles couches transparentes ou opaques jusqu’à la coïncidence du tableau avec l’image mentale qui engendre la peinture.
Les paysages s’enracinent, ouvrent des abîmes ou des ciels .Une vague grise emporte le limon rouge du sang alternent violence et apaisement, dénouement plus que méditation des formes. L’image est projection d’un mouvement dont les forces centrifuges affirment la vie.

Les sculptures en terre cuite, de petites dimensions, sont figuratives. D’une facture délicate, elles présentent la face lumineuse de l’œuvre. Chrysalide ou écorces ; elles évoquent la genèse d’énergies nouvelles. Elles parlent d’inspiration, de rêve et de victoire. Elles offrent, pour la plupart, des visages de femmes, empreints de spiritualité, mais aussi des corps offerts au soleil .Elles s’élancent en un envol d’ailes, de feuillages, de festons et parfois lèvent les bras en mouvement d’accueil qui les emporte à la cime. Elles manifestent un équilibre et annoncent un départ, une renaissance. Une force tranquille s’affirme dans ces sculptures, une intériorité où l’inquiétude et  le questionnement ne s’effacent pas mais se trouvent pleinement assumés dans une beauté mortelle.
Silencieusement, elles accompagnent les peintures de Geneviève Henkens et leur répondent avec la gravité d’une musique de chambre. 

Serge Meurant, 23 janvier 2011